Design sprint à la lumière du COVID

Design sprint à la lumière du COVID

Pendant le premier confinement, nous avons pu constater que des équipes, des entreprises mais aussi des secteurs d’activité entiers ont utilisé des outils du Design Sprint, comme Monsieur Jourdain, sans le savoir. Une bonne nouvelle pour l’innovation. 

C’est difficile de créer le chaos

L’étape fondatrice d’un design sprint est celle de la déconstruction. On décide volontairement d’analyser une organisation, un contexte, une problématique rencontrée par un client. On a l’habitude d’affirmer qu’il faut créer le chaos avant de passer à l’idéation, c’est à dire à l’expression et à la formation de nouvelles idées et de nouveaux fonctionnements.

Le chaos est un moment complexe à produire volontairement. En effet, il faut se forcer à aller contre quelque chose qui existe, qui fonctionne et souvent même qui est rémunérateur. On sait bien qu’il est très difficile de passer d’un modèle économique à un autre. La “disruption” très à la mode il y a une petite dizaine d’années est souvent venue de nouveaux entrants sur un business tenu par des leaders. Se réinventer quand ça marche encore très bien ? C’est intellectuellement compliqué et financièrement très difficile. C’est donc le frein principal à l’innovation, et donc à l’acceptation de la mise en place d’un design sprint.

Le virus libère les énergies

Le 16 mars 2020, en quelques heures, la quasi totalité de l’économie s’est arrêtée. Un moment “extra-ordinaire” dans notre société contemporaine. En quelques secondes, pour de nombreuses entreprises, c’était le chaos. Bien évidemment, il ne s’agissait pas d’un effondrement digne de films de science fiction. Tout de même, en trois heures, les centre-ville vidés, les bureaux désertés, les centres commerciaux fermés, les usines qui ne produisent plus, les transports bloqués par des frontières retrouvées. Pour l’économie, c’était le chaos.

On a pu voir alors, très rapidement, des processus d’idéation se mettre en place dans des entreprises voire dans des secteurs d’activité entier. Des innovations, des pivots d’activités réalisés en quelques jours pour survivre dans certains cas, pour continuer à se développer pour d’autres mais aussi parfois pour aider ou être solidaire.

Ainsi le laboratoire vétérinaire CEVA à Libourne qui adapte ses chaînes de production pour produire du gel hydroalcoolique, tout comme Andros ou Michelin, ou encore ce grossiste en tissu qui organise en moins d’une semaine à La Teste une usine géante de production de masques réutilisables ou encore ces restaurateurs de la région qui organisent de la vente à emporter pour garder le lien avec leurs clients et générer quelques revenus pendant le confinement.

Nous nous sommes nous-mêmes réinventés, avons créé une offre complète de classe virtuelle, adapté certaines de nos méthodes d’innovation.

On pourrait multiplier les exemples. Tous ont pour point commun d'avoir su être créatifs et favoriser l'intelligence collective pour apporter des solutions aux problématiques complexes rencontrées pendant la crise COVID.

Le design sprint permet de canaliser ces énergies

Si on analysait les exemples que je viens de citer, on pourrait sans aucun problème y plaquer au moins 2 des 5 étapes majeures d’un design sprint. On y  trouve à chaque fois la déconstruction et la définition d’une problématique et l’idéation. Dans certains cas, les équipes vont jusqu’à la réalisation d’un prototype et enfin le test client. Dans l’urgence, les équipes tout comme les dirigeants ont souvent suivi leur instinct.

Mais surtout ils ne se sont pas posé de questions sur la volonté de changer, le temps à consacrer à cette évolution, le coût de l’opération, la pertinence du marché. Il était urgent d’apporter des solutions, de les tester, les expérimenter, de s’adapter à la situation.

Certains affirment que ce virus a permis d’accélérer la transformation de certaines entreprises notamment pour la digitalisation.

Nous savons que ça a fonctionné pour certains, mais nous ne connaissons pas encore les échecs. C’est sans aucun doute la grande différence avec un design sprint construit, organisé, modélisé.

Du chaos, les équipes ont pu observer les situations, les utilisateurs, se réunir en visio pour une raison précise : identifier ensemble comment agir, comment trouver des solutions. Et ils ont essayé, ont appris, et essayé de nouveau. Ils se sont lancés sans business plan, sans contraintes organisationnelles, avec cette formidable envie de résoudre au moins une partie d’un problème complexe.

C’est dans le chaos que naît la créativité

La créativité seule ne permet pas d’avancer. Pour concrétiser ses idées en innovation, le mieux est de s’appuyer sur des méthodes de travail collaboratives comme le Google Design Sprint, puis de se les approprier, pour ne pas perdre la dynamique.

Concevez, itérez, transformez vos idées en solutions pour vos clients.

 

Hélène Desliens

Hélène Desliens, cofondatrice et dirigeante d'EXPERTEEZ

Texte écrit au cours de l'été 2020, suite à la première vague de COVID 19, tout autant actuel.

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